La Contemporaine — Bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains — est une bibliothèque, un musée et un centre d’archives français spécialisé sur l’histoire des 20e et 21e siècles. Elle a fait ses premiers pas dans la galaxie Wikimedia ces derniers mois et vous allez retrouver dans cet article rédigé par René PIGIER, chargé d’archives à La Contemporaine, un état des lieux du travail réalisé par les agents de l’institution pendant le confinement.
Depuis 2010, les projets GLAM (acronyme de Galleries, Libraries, Archives and Museums, en français : Galeries, Bibliothèques, Archives et Musées) visent à associer les institutions patrimoniales à l’amélioration des contenus de Wikipédia et de ses projets “frères” : Wiktionnaire, Wikiquote, Wikibooks, Wikimedia Commons, Wikisource, Wikispecies, Wikinews, Wikiversité, Wikivoyage, Wikidata, etc.
La contemporaine réfléchissait depuis quelque temps à la manière de participer, consciente de la portée et de l’intérêt d’un tel projet. Une formation organisée en février a permis à une petite dizaine d’agents de se lancer. Lorsque le confinement a fermé les bibliothèques et les musées et renvoyé les agents chez eux, participer à cette œuvre collective a été l’un des moyens de poursuivre une activité à distance et de valoriser les fonds de La contemporaine auprès des chercheurs, étudiants et professeurs confinés et au-delà, auprès d’un très large public.
Enrichissement des références et création d’articles sur Wikipédia
Nos producteurs d’archives sont parfois célèbres et nombreux à avoir déjà leur propre article sur l’encyclopédie collaborative. Mentionner dans ces articles l’existence des ressources de La contemporaine a été l’un de nos principaux chantiers. Plus de 140 articles contiennent désormais un lien vers l’inventaire du fonds éponyme, ainsi Monique Hervo, Pierre Pascal ou Daniel Guérin. Une cinquantaine de fonds iconographiques de référence ont aussi été identifiés. Lorsque cela a été nécessaire, des articles ont été créés, 22 jusqu’à présent. C’est le cas de celui sur Saïd Bouziri, militant des droits de l’homme, ou de Tokusaburō Dan, journaliste et écrivain japonais. Certains de ces articles ont été rédigés directement à partir des inventaires publiés dans Calames, qui sont distribués selon la licence Etalab, compatible avec la licence Creative Commons sous laquelle sont disponibles les textes de Wikipédia.
→ Pour en savoir plus sur les licences Etalab et Creative Commons.
Wikidata, la base de connaissance des projets Wikimédia
La contemporaine s’est aussi intéressée à Wikidata. Cette base de connaissance fournit une source unique de données objectives qui pourront être utilisées dans tous les articles des différentes versions linguistiques de Wikipédia. Les informations inscrites dans les cartouches (appelés en jargon wikipédien infobox) que l’on retrouve fréquemment à droite des articles de cette encyclopédie proviennent souvent directement de Wikidata. Elle s’inscrit dans l’évolution du web sémantique, qui vise à faciliter l’exploitation des données structurées, pour donner du sens au contenu des pages Web, en permettant leur interprétation par des machines.
De même que data.bnf et IdRef, les projets équivalents de la Bibliothèque nationale et de l’Agence bibliographique de l’enseignement supérieur, Wikidata utilise un modèle de description des données basé sur les triplets du Resource Description Framework, le RDF (sujet – prédicat – objet). Une coordination d’archivistes a émergé sur Wikidata en 2018 dans le but de créer de nouvelles pratiques de signalisation des archives et de leurs producteurs et élaborant une méthodologie pour un signalement de masse des fonds d’archives dans Wikidata. La mise en application de cette procédure a permis la signalisation semi-automatisée de 416 de nos fonds sur la page de leurs producteurs. Toutes ces données peuvent être interrogées par des requêtes écrites en SPARQL. Ce langage informatique, commun à l’ensemble des bases de données structurées permet d’effectuer d’intéressantes recherches croisées et visualisations sur les producteurs d’archives.
Et pour la suite ?
Il existe bien d’autres moyens de valoriser les collections et les activités dans l’univers Wikimédia, suivant en cela les traces d’autres « GLAM ». Les Archives nationales par exemple, en partenariat avec l’association Wikimédia France depuis 2013, ont téléversé plusieurs centaines d’images issues de leurs collections dans Commons, la « médiathèque » des projets Wikimédia. Placer des images conservées par La contemporaine sur Commons serait une excellente manière de les disséminer et par ricochet d’accroître notre visibilité, car les images provenant de cette banque d’images sont très bien référencées sur le web.
Autre piste possible, la transcription de texte, à partir de documents numérisés, sur Wikisource, le projet de bibliothèque numérique Wikimédia. Une chose est certaine, La contemporaine ne s’arrêtera pas à ces premiers pas…