Wikipédia fête cette année son vingtième anniversaire. À cette occasion, Wikimédia France vous fait découvrir quelques-unes des nombreuses personnalités françaises qui participent à cette aventure collaborative.
Dans cet article, vous découvrirez le portrait de Christelle Molinié, documentaliste au musée Saint-Raymond, musée d’archéologie de Toulouse. Actrice importante de l’Open Content en France elle a énormément travaillé afin que les outils Wikimédia fassent partie intégrante du quotidien documentaire du musée Saint-Raymond. Voici son témoignage.
Comment a commencé votre contribution à Wikipédia ?
C’était en 2012. Je travaillais alors au musée des Augustins dont je cherchais à valoriser les ressources documentaires. À l’occasion d’une journée d’étude de l’ABF à Toulouse en 2011, j’ai découvert le potentiel, la multiplicité et la plasticité des projets Wikimédia. J’ai aussitôt été fascinée par l’ampleur de l’écosystème, et intimement convaincue que la transmission et l’accès au savoir étaient en train de subir une mutation extraordinaire et j’ai eu très envie d’y participer. Tout un chacun a désormais la possibilité de contribuer à la rédaction d’une encyclopédie dont le champ est élargi à l’infra-ordinaire de notre civilisation.
À mon arrivée au musée Saint-Raymond il y a 4 ans j’ai pu transposer mon expérience et poursuivre l’aventure dans un nouveau contexte.
De quelle contribution (rédaction versement amélioration…) êtes vous particulièrement fière ?
Il y en a plein ! Le lancement de Palladia, le moteur de recherche créé par Benoît Deshayes, a été le point d’orgue du projet mené au musée Saint-Raymond, une forme d’aboutissement et la preuve que ça marche ! Les petits ruisseaux font les grandes rivières : Palladia met en commun et valorise toutes les contributions liées aux collections du MSR. Les ressources institutionnelles et celles produites par les contributeurs français et étrangers ainsi liées, s’hybrident, pour constituer un ensemble documentaire riche que nous n’aurions pas su produire seuls. Il faut avouer que parfois on navigue à vue, on doute, mais dans ces moments-là, tout devient évident !
Les ateliers de contribution sont toujours des moments riches où règnent la convivialité, l’échange, le partage et l’entraide, des valeurs essentielles qui cimentent la communauté. Durant le confinement l’atelier Wikigoths a dû être mené en ligne, encore une occasion d’expérimenter une nouvelle forme d’organisation, encore un temps émotionnellement fort avec une implication extraordinaire des Wikimédiens.
L’accompagnement des élèves du lycée Pierre-Paul Riquet de Saint-Orens dans le cadre du Wikiconcours a été un projet très enthousiasmant, ils voulaient gagner, et ils l’ont fait !
Mais il y a aussi plein de petites satisfactions quotidiennes dès qu’on constate une correction ou l’enrichissement, aussi minime soit-il, d’un contenu que l’on a produit ou bien encore lorsqu’on reçoit une notification de remerciement d’un contributeur.
Cela a-t-il changé votre quotidien, votre pratique professionnelle, votre institution ?
Assurément. Après ces quelques années d’expérimentation et de tâtonnements on peut considérer aujourd’hui que les projets wiki font partie intégrante du système documentaire du musée. Par exemple lorsque nous avons inscrit à l’inventaire informatisé notre dernière acquisition, un petit Mercure en bronze d’époque romaine, j’ai immédiatement créé son élément sur Wikidata. Nous verserons son image dès qu’il rentrera de restauration et que nous aurons fait réaliser une prise de vue si entre temps un Wikimédien n’est pas passé par là…
Notre prochaine exposition a déjà un élément sur Wikidata. Wikimedia Commons nous sert de plateforme de diffusion de nos images et nous utilisons de plus en plus rarement les services de transfert de fichiers. Sur Wikipédia, on ajoute une information et sa référence bibliographique dès qu’on constate un manque.
Et désormais le rendez-vous est pris avec le groupe local de contributeurs et contributrices Toulousains pour participer à l’édit-a-thon qui accompagne chaque nouvelle exposition.
Mon cercle professionnel s’est élargi à la communauté wikimédienne qui nous apporte non seulement des contenus mais aussi une aide dans la maîtrise des outils, nous fait bénéficier de toute son expertise et ses compétences au gré des innovations technologiques qui font évoluer les projets en permanence. Au sein des projets GLAM, on partage nos expériences, on s’inspire les uns des autres, on adapte à nos contextes et on réinvente sans cesse. La dimension créative de nos métiers se trouve considérablement développée.
Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la collaboration avec Wikimédia France ?
L’association avait signé une convention avec la mairie de Toulouse en 2010 et certaines institutions municipales (Archives et Muséum) avaient déjà tracé la voie en versant des contenus. Adrienne Charmet, alors présidente de Wikimédia France nous a aidés à formaliser le cadre administratif du partenariat, accompagnés et conseillés dans le type d’actions réalisables et mis en contact avec des bénévoles disposés à nous aider. Aujourd’hui, alors que le partenariat fête ses 10 ans, le contact avec l’association se fait essentiellement par l’intermédiaire de Xavier Cailleau, chargé des partenariats GLAM, qui apporte son soutien pour fédérer la communauté, mener des campagnes de communication et d’évaluation.
Le mot de la fin
Je souhaite un très bon anniversaire et j’adresse tous mes vœux de prospérité et de longévité à Wikipédia !