À l’occasion de la cérémonie de remise de prix du Wikicamp 2022, l’association a souhaité remettre un prix posthume à William Ellison. Décédé le 16 mars dernier, William était un des piliers du groupe de bénévoles Wikimédia de Bordeaux. Découvrez aujourd’hui son portrait dans cet article signé par CéCédille.
William Ellison rejoint le groupe de la Cubale vers 2012. Ce mathématicien célèbre se consacre, depuis sa retraite, à la photographie. Il parcourt les villages, photographie sous tous les angles les églises, les monuments du Sud-Ouest, verse ses photos sur Commons et rédige aussi les notices sur Wikipédia.
Un immense contributeur pour les projets Wikimedia…
Venu s’instruire auprès d’un groupe de wikipédiens confirmés, il devient rapidement l’instructeur, familier des arcanes de Commons qu’il alimente abondamment. À lui seul, il fait le travail d’un régiment : plus de 110 000 contributions dans tous les projets de Wikimédia (Commons, Wikisource, Wikibooks, Wikipédia). Il écrit en français comme en anglais, sa langue maternelle, dont il conserve et cultive l’accent et l’humour.
Il retrouve dans les règles de Wikipédia les exigences de logique, de neutralité, de fiabilité de sa formation scientifique. Il aime présenter l’encyclopédie dans les bibliothèques, dans les ateliers de formation où il donne généreusement de son temps et de son savoir. Il participe aussi volontiers, au sein du master Patrimoine et Musées de l’Université Bordeaux-Montaigne, à l’initiation des étudiants à la contribution en ligne. Il est à la source de multiples articles créés et mis en ligne par ces étudiants.
Sa page personnelle est un centre de ressources précieux pour qui veut s’initier à l’encyclopédie en ligne. Elle témoigne aussi de ses curiosités multiples. Son érudition impressionne. Le travail qu’il fait sur les frères d’Abbadie (Arnault-Michel et Antoine) se prolonge à la BnF par la transcription de leurs carnets de voyage.
doté d’une grande curiosité…
Au gré de ses articles, on suit le fil de ses curiosités. Il se passionne pour les œuvres mathématiques de Piero della Francesca, autant que pour le cadran canonial qui rythme les prières des moines. Il écrit une véritable somme sur l’iconographie des modillons romans, sans omettre aucun des motifs incongrus dans ces lieux de prière, où serait sans doute très choqué le pieux Bernard Jabouin, sculpteur ornemaniste des églises du XIXe siècle. La folie et le crime retiennent son attention, soit pour décrire les faits divers qui ont marqué l’Histoire (crime de Lormont – 1875 –, crime de Langon – 1907– , Daniel Mc Naughton) ou pour faire la notice d’aliénistes célèbres (Henry Hering, John Conolly). La vie de l’intrépide Bob Walter l’amuse, celle de Marie Mesmin l’intrigue, comme le séduisent les ressources iconographiques de la revue Paris-Noël, trouvée dans les rayons de la bibliothèque de Bordeaux, menacée, à l’époque, par d’invisibles ennemis (parasites du livre) !
et d’une passion pour le partage.
La visite d’un musée oublié des métiers de l’imprimerie, lui donne l’occasion de faire découvrir un patrimoine ignoré, hérité des prestigieux libraires-imprimeurs de Bordeaux (Simon Millanges) qui ont accompagné et publié les œuvres de Montaigne et de ses amis humanistes, auxquels il a consacré un bel article (Humanistes bordelais du XVIe siècle) et dont il était devenu un familier. Son travail est une contribution appréciée pour la mise en valeur du patrimoine de la région et ses écrivains. Son dernier article est consacré à Jean-Baptiste de Secondat, deuxième fils de Montesquieu.
Pour tous ses amis de la Cubale, William fut un ami délicieux, attentif et discret. Il aimait partager ses découvertes et nous associait volontiers à ses travaux. Sa dernière passion était de faire connaître le travail de Priore (ici sur Wikibook), chercheur bordelais controversé, constructeur d’un appareil à ondes électromagnétiques ultracourtes destiné à vaincre le cancer, lequel a fini par vaincre notre ami le 16 mars 2022, après un long et vaillant combat.
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