Un événement pour rendre visible les femmes de lettres
Pendant les prochaines journées du patrimoine, le week-end des 21 et 22 septembre 2019, le matrimoine littéraire sera à l’honneur : l’association “Le deuxième texte” organise un atelier Wikisource autrices au siège de Wikimédia France, dans le cadre des Journées du matrimoine 2019 d’HF Île-de-France.
Cela fait déjà deux ans que l’association Le deuxième texte organise de tels ateliers. Ils permettent de faire découvrir comment fonctionne Wikisource pour mettre en ligne des ouvrages du domaine public, c’est-à-dire écrits par des personnes mortes depuis plus de 70 ans. La plateforme collaborative Wikisource permet de travailler sur des ouvrages scannés, sur lesquels une étape de reconnaissance automatique de caractères est réalisée. Les textes ainsi chargés contiennent quelques erreurs et nécessitent une mise en forme. Ce travail de relecture, de correction et de formatage est effectué par des bénévoles. Après deux relectures humaines de chaque page, on considère généralement qu’il n’y a plus d’erreur. On peut alors créer un livre électronique, soit au format PDF, soit au format ePub qui permet une lecture confortable quelle que soit la taille de l’écran. Depuis le début de l’année, près de 300 nouveaux livres électroniques en français ont ainsi été mis en ligne.
Le biais de genre, un problème global
Mais comme Wikipédia, où moins de 20% des pages de biographie sont dédiées à des femmes, Wikisource contient relativement peu de textes écrits par des femmes. L’association Le deuxième texte, qui vise à augmenter la visibilité des femmes de lettres dans le canon littéraire enseigné en France, s’est naturellement tournée vers cette plateforme pour rendre plus accessibles les écrits de femmes des siècles passés, peu connus et peu étudiés. Wikisource est en effet un outil apprécié des professeurs de lettres comme source possible d’extraits de textes étudiés avec leurs élèves : la possibilité de vérifier que le texte de l’extrait correspond effectivement à l’ouvrage scanné permet d’assurer la qualité des textes récupérés. Par ailleurs, Wikisource permet de lire l’intégralité de l’ouvrage dont on sélectionnera seulement quelques extraits pour une étude en cours. Cette plateforme est donc souvent signalée comme source des extraits partagés par des enseignantes et enseignants sur le site ledeuxiemetexte.fr.
La visibilité des autrices sur Wikisource
Depuis deux ans, Le deuxième texte a contribué à la mise en ligne de plus de 60 ouvrages. Ce faisant le taux d’ouvrage écrits par des femmes parmi les nouveautés Wikisource est passer de 10 à 20%. Une douzaine d’ateliers a aussi été organisée dans l’espace de contribution aux projets Wikimédia de Wikimédia France à Paris. Ces ateliers ont généralement lieu une fois par mois, le samedi matin, aux mêmes dates que les ateliers de contribution à Wikipédia organisés par les sans pagEs à la Gaîté Lyrique. Le programme de travail prévoit généralement une demi-douzaine d’œuvres pour permettre aux personnes présentes de se lancer en fonction de leurs intérêts et de leur niveau de familiarité avec l’outil. Par exemple, les textes du 17e siècle demandent de se familiariser avec certaines spécificités de la langue de l’époque et des pratiques éditoriales. Les pièces de théâtre, elle, nécessitent de recourir à des fonctionnalités particulières qui rendent la contribution un peu plus technique.
Retour sur l’atelier du week-end du matrimoine 2018
L’an dernier déjà, un atelier avait été organisé pendant les journées du matrimoine d’HF Île-de-France. Adossé à une promenade guidée par Edith Vallée, spécialiste du matrimoine de Paris, à la découverte des femmes qui ont marqué les alentours de la Comédie française et de la bibliothèque nationale dans le premier arrondissement, il se focalisait sur des autrices évoquées pendant la promenade. Nous avons donc réalisé la seconde relecture de “La Princesse de Clèves” et de “La Princesse de Montpensier” de Madame de La Fayette, mais aussi fait les deux relectures des Maximes de Mme de Sablé, ou encore une première relecture de “Des inhumations précipitées” de Suzanne Curchod. En plus du programme prévu, une des participantes souhaitait mettre en ligne “Le Vote des femmes” d’Hubertine Auclert. Elle a vu comment faire et a terminé sa relecture moins d’un mois après l’atelier. Une autre participante est revenue à des ateliers par la suite pour mettre en ligne “La chaumière africaine”, où une des rescapées du naufrage de la Méduse, Charlotte-Adélaïde Dard, décrit ses mésaventures.
Les ateliers sont particulièrement propices à la constitution de binômes de relecture, qui aident à se motiver mutuellement pour terminer la relecture d’un ouvrage. Ils peuvent aussi servir de point d’entrée dans la communauté Wikisource en ligne. Certains des livres proposés aux ateliers sont aussi inclus dans le “Défi 5000”, qui consiste depuis janvier 2019 à relire un total d’au moins 5000 pages par mois sur la liste des ouvrages au menu du défi. Ce défi fait la part belle aux femmes de lettres, comme on peut le constater dans la liste des nouveautés issues du défi. Nous espérons donc que cet atelier des journées du Matrimoine, sur la thématique de la musique le samedi et des villes le dimanche, réunira au moins autant de contributeurs et contributrices que l’an dernier ! Rendez-vous à l’adresse http://matrimoine2019.ledeuxiemetexte.fr pour vous y inscrire et pour récupérer l’affiche de l’événement, à imprimer pour faire connaître l’événement autour de vous !
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Images par George2etexte, CC-by-SA 4.0