Le mois de janvier se termine, c’est donc l’heure de notre billet de veille qui vous résume toutes les informations importantes qu’on a vu passer ces dernières semaines dans le domaine du numérique et que l’association suit de près.
Bonne lecture !
En bref dans l’actualité numérique…
David Sassoli, président du Parlement européen est mort à 65 ans.
Il est décédé dans la nuit du 10 au 11 janvier, a annoncé son porte-parole, Roberto Cuillo. Ancien journaliste et présentateur de journaux télévisés en Italie, il avait été élu pour la première fois député européen en 2009 puis réélu en 2014, où il avait été nommé vice-président du Parlement en charge du budget et de la politique euro-méditerranéenne. En 2019, il avait pris la tête de l’institution pour un mandat de deux ans et demi. Il devait quitter ses fonctions dans les prochains jours. Le 18 janvier dernier c’est la maltaise Roberta Metsola qui a été élue à la tête de l’institution.
Twitter France et son directeur général jugés pour manque de coopération avec la justice.
Ils étaient jugés, lundi 17 janvier à Versailles, respectivement pour « refus de répondre à une réquisition » et « complicité d’injure publique », a rapporté l’AFP. L’année dernière, le parquet de Versailles avait demandé à Twitter France des informations pour identifier des auteurs de tweets injurieux visant le responsable de la préfecture et la police. La société n’a pu satisfaire la réquisition, car c’est « une entité qui ne stocke pas de données », a souligné son DG Damien Viel lors de l’audience. Le stockage est assuré par la filiale européenne de la maison mère Twitter Inc, basée en Irlande, qui a refusé d’obtempérer. À défaut, le parquet s’est donc tourné vers Twitter France et son DG, un procès inédit selon l’accusation. Damien Viel s’est décrit comme un « country manager » chargé du développement économique plutôt qu’un DG. Son avocat a aussi expliqué que Twitter International ne relève pas de la juridiction française. Leur jugement est prévu le 21 mars prochain.
Dans une autre affaire, Twitter est condamné en appel à révéler ses moyens de modération.
Le réseau social devra produire dans un délai de deux mois « tout document administratif, contractuel, technique, ou commercial » relatif à ces moyens de modération, ainsi que « le nombre, la localisation, la nationalité, la langue des personnes affectées au traitement des signalements », indique un jugement de la cour d’appel de Paris rendu jeudi 20 janvier. Cette dernière confirme un verdict rendu en juillet 2021 après l’échec d’une médiation ordonnée par la justice entre le réseau social et les plaignants – UEJF, SOS Homophobie, SOS Racisme, J’Accuse !, MRAP et LICRA – qui dénonçaient son incapacité à protéger ses utilisateurs des contenus haineux. La société devra également verser 1 500 euros à chacun d’entre eux. Lors de ses vœux à la presse, le secrétaire d’État au Numérique Cédric O a commenté que « Twitter ne fait pas la moitié de ce qu’il devrait faire en matière de modération ». Regrettant les limites du cadre légal actuel, il a renvoyé vers le DSA , qui oblige les plateformes à publier le nombre de modérateurs attribués à chaque État membre.
Vie politique et institutionnelle
À l’échelle européenne 🇪🇺
Focus sur le Digital Services Act
Wikimédia France, le FKAGEU et la Fondation aux Etats-Unis portent, depuis des mois, dans les débats nationaux et européens la voix des plateformes communautaires telles que Wikipédia. Chaque actualité sur le DSA est donc scrutée de près par l’association.
Les eurodéputés ont adopté, jeudi 20 janvier, leur position de négociation sur la future régulation des contenus sur internet. Réunis en plénière, ils ont ajouté de nombreuses contraintes à la publicité ciblée et rejeté des demandes des ayants droit et des marques. Le document Contexte ci-dessous vous résumera tout cela beaucoup mieux que moi.
Pour aller plus loin : Adoption du DSA au Parlement : ce qui passe, ce qui casse – Contexte Numérique
Les idées de Renaissance numérique pour la souveraineté numérique.
Pourquoi cela nous intéresse ?
Wikimédia France travail étroitement avec Renaissance Numérique sur les sujets du digital, il est toujours pertinent de prendre connaissances des réflexions du think tank sur ces enjeux. La différence soulignée dans cette note entre « souveraineté technologique » et « souveraineté numérique » est intéressante ; en effet, le think tank affirme que sans maîtrise technologique, il n’est pas possible qu’il y ait une autonomie stratégique numérique. Wikimédia France est plutôt en accord avec ces propos
Pour aller plus loin :
- Souveraineté technologique européenne – Renaissance Numérique
À l’échelle française 🇫🇷
Le rapport Bronner a été remis à Emmanuel Macron.
Le 11 janvier dernier, le Président de la République a reçu la commission « Les lumières à l’ère numérique » présidée par Gérald Bronner qui lui a remis son rapport. Plusieurs propositions ont été effectuée, à l’échelle nationale, européenne et internationale. Lors de ses vœux à la presse le même jour, le président de la République a évoqué la question des algorithmes des plateformes. « La recherche doit pouvoir avoir accès à leurs données, à leurs mécanismes de construction », a-t-il déclaré. Emmanuel Macron a également appelé à un « processus d’autorégulation, de certification, pour identifier les médias fiables », en précisant qu’il « ne revient pas aux pouvoirs publics de faire ce travail de qualification ». Il a également évoqué l’importance des régulateurs, dont il estime que le cadre d’action devra être « repensé, reposé, compte tenu des évolutions contemporaines ». Parmi les autres propositions du rapport figurent la désactivation de l’éditorialisation algorithmique, le retrait des financements publicitaires des sites de désinformation, la création d’un délit de diffusion de fausse information et la possibilité pour les utilisateurs de saisir l’Arcom en cas de défaut de modération des plateformes.
Pourquoi cela nous intéresse ?
Wikimédia France est mobilisée sur toutes les questions relatives à la désinformation en ligne au niveau français et européen. Pierre-Yves Beaudouin, ancien président et membre du conseil d’administration, a été auditionnées dans le cadre de cette Commission Bronner afin de présenter le modèle de fonctionnement de Wikipédia ainsi que de ses virtuosités. Vous pouvez d’ailleurs revoir cette audition sur Youtube.
Pour aller plus loin :
- Désinformation en ligne : ce que dit le rapport Bronner – vie-public.fr
- Remise du rapport de la Commission Bronner. – Élysée.fr
- Les Lumières à l’ère numérique – le rapport en PDF sur vie-public.fr
Les vingt travaux de Numeum pour la présidentielle.
Le lobby souhaite « que le numérique ne soit pas un enjeu oublié de la campagne ». Il propose ainsi vingt actions articulées autour de quatre priorités : la formation, l’autonomie stratégique, la cybersécurité et l’impact environnemental du numérique. Ces propositions ont pour objectif de pallier la « pénurie de compétences » que connaît le secteur et endiguer la menace cyber. Numeum va jusqu’à demander un grand « pole ministériel » dédié au numérique.
Pourquoi cela nous intéresse ?
Pour aller plus loin :
Contenus haineux : l’Arcom précise son calendrier pour la publication de ses lignes directrices.
Si le principal décret d’application de l’article 42 de la loi séparatismes a été publié ce dimanche 16 janvier, les lignes directrices rédigées par le régulateur n’ont toujours pas été publiées. Dans un communiqué de presse du 17 janvier 2022, l’Arcom indique qu’elle « mènera, au premier trimestre 2022, une concertation avec les plateformes concernées. Au terme de cette étape, les lignes directrices et les dispositions d’ordre réglementaire seront adoptées par le Collège de l’Arcom ». Elle souligne que ces lignes directrices « ne revêtant pas un caractère normatif, elles ne seront donc pas un préalable à la mise en œuvre, par les opérateurs » de leurs nouvelles obligations. La publication du premier bilan annuel de l’application de ces mesures est promise « conformément à la loi », « au terme de l’année 2022 ».
Pourquoi cela nous intéresse ?
Pour aller plus loin :
- Lutte contre la haine en ligne : le rôle de l’Arcom précisé – ARCOM
- Décret n° 2022-32 du 14 janvier 2022 pris pour l’application de l’article 42 de la loi n° 2021-1109 du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République et relatif à la fixation d’un seuil de connexions à partir duquel les opérateurs de plateformes en ligne concourent à la lutte contre la diffusion publique des contenus illicites – Légifrance
Cookies : La Cnil sanctionne Google à hauteur de 150 millions d’euros et Facebook à hauteur de 60 millions d’euros pour non-respect de la loi.
Elle leur reproche d’offrir un faux choix à leurs utilisateurs, en rendant plus facile l’acceptation des cookies que leur refus, ce qui viole la directive ePrivacy. Google et Facebook sont condamnées respectivement à 150 millions d’euros et 60 millions d’euros d’amende. Les deux entreprises ont trois mois pour se mettre en conformité sous peine d’une astreinte de 100 000 euros par jour de retard. « Nous nous engageons à mettre en place de nouveaux changements et [à] travailler activement avec la Cnil, dans le cadre de la directive ePrivacy », a réagi Google.
Pourquoi cela nous intéresse ?
Vie législative
À l’échelle française 🇫🇷
(Actualité Contexte) Une proposition de loi pour adapter le droit français au règlement sur le retrait des contenus terroristes.
Pourquoi cela nous intéresse ?
Pour aller plus loin :
La France a notifié à la Commission européenne son décret sur la loi séparatismes concernant la conservation des contenus retirés.
Pourquoi cela nous intéresse ?
Wikipédia faisant partie des plateformes visées par la loi sur le respect des principes républicains, l’association reste en veille sur les actualités concernant le sujet. L‘encyclopédie est déjà à jour sur la conservation des contenus retirés dans la mesure où ces derniers restent visibles dans la partie « historique » d’un article (et dans le cas où ils sont supprimés, ils peuvent toujours être retrouvés).
Pour aller plus loin :
Mouvements et nominations
L’Arcom a dévoilé son organigramme.
Lucile Petit prend la direction des plateformes et Raphaël Berger celle de la création, indique l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM). Julien Mourlon dirige la télévision et la vidéo à la demande et François-Xavie Meslon, la radio et l’audionumérique. Denis Rapone, membre du collège de l’Arcom et ex-président de la Hadopi, est chargé de la mission de protection des œuvres liées au droit d’auteur ou au droit voisin.
Audrey Herblin-Stoop quitte Twitter France
Elle a rejoint Betclic où elle est directrice de la communication externe et des affaires publiques du site de paris en ligne.
Noémie Levain rejoint La Quadrature du Net.
Avocate spécialiste en droit des nouvelles technologies et des données personnelles, elle occupe, depuis le 17 janvier, la fonction de chargée d’analyse politique et juridique au sein de l’association de défense des libertés individuelles. Elle remplace Martin Drago.
Philippine Lefèvre rejoint Stripe.
Directrice des affaires publiques du Syntec numérique puis de Numeum, elle est désormais chargée des affaires publiques et des relations gouvernementales de l’entreprise spécialisée dans le paiement en ligne pour les professionnels, Stripe.
La Direction interministérielle du numérique (DINUM) change de directeur.
Le Conseil des ministres du 12 janvier 2022 a mis fin, « à sa demande », aux fonctions de Nadi Bou Hanna en tant que directeur interministériel du numérique. Il avait annoncé son départ en décembre 2021 dans un contexte de crise interne portant sur son style de management. Son successeur par intérim, Xavier Albouy, polytechnicien et inspecteur général des Mines, était son adjoint depuis novembre 2019.
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