Du 23 au 25 mai dernier, de nombreuses institutions culturelles se sont réunies aux Archives nationales autour des projets Wikimédia, tels que Wikipédia, pour les journées Wikimédia Culture et numérique. Cette rencontre était organisée par Wikimédia France en partenariat avec les Archives nationales et le Clic France.
Mais quel est donc ce dénominateur commun qui suscite de plus en plus l’intérêt des institutions culturelles ? Celui-là même qui les conduit à travailler sur des projets paradoxalement aussi incontournables qu’encore méconnus pour leurs opportunités de diffusion numérique ?
GLAM ! Derrière l’acronyme, un enjeu commun
Ce mot sonne comme une référence à la mode voire une onomatopée, un coup soudain et inéluctable. Inéluctable on l’espère, mais cet acronyme anglophone (Galleries, libraries, archives and museums) est loin d’avoir été improvisé pour l’occasion. Il est le symbole d’une relation de longue date entre les projets Wikimédia et les institutions culturelles dans une dynamique de valorisation numérique des contenus.
À l’origine il y eut Wikipédia. L’encyclopédie, fer de lance des différents projets libres hébergés par la fondation Wikimédia, est incroyablement populaire. Pourtant, derrière cette vitrine, c’est un panel d’oppurtunités bien plus large qui s’offre aux musées, archives, bibliothèques ou encore aux universités désireuses de diffuser et de valoriser leurs richesses patrimoniales.
C’est ici que se situe l’enjeu majeur de ces journées Wikimédia Culture et numérique, le dénominateur commun. « Commun », le mot est opportun, car nous parlons en effet de biens communs, puisque les fonds – les textes, les images et leurs métadonnées correspondantes – appartiennent déjà souvent au domaine public. Dans un contexte numérique, leur diffusion et leur valorisation est facilitée grâce à la diversité des projets Wikimédia : la médiathèque Wikimedia Commons, l’encyclopédie Wikipédia, la bibliothèque Wikisource, qui sont toutes reliées par une base de connaissances en plein essor, Wikidata. Ces projets libres et gratuits, accessibles à toutes et à tous, s’inscrivent naturellement dans le prolongement des missions des agents culturels relatives au numérique.
Si l’on prend l’exemple des bibliothèques – dont les missions sont notamment décrites par le manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique ou dans la Charte des bibliothèques adoptée par le Conseil supérieur des bibliothèques – on comprend mieux les enjeux de telles démarches.
La communication des documents, la conservation, la valorisation des collections, ou encore l’accessibilité de l’information, sont autant de boussoles qui indiquent un enjeu central : replacer les usagers au centre des préoccupations professionnelles.
Et ça tombe bien, car le partage des connaissances, c’est le credo de Wikimédia France, et bien sûr des différents projets Wikimédia qui sont enrichis chaque jour par des milliers de contributeurs et contributrices bénévoles (19 000 actifs rien que pour la Wikipédia francophone).
Des journées Wikimédia riches et bénéfiques pour toutes et tous
Dans ce contexte, ces journées adressées aux institutions culturelles sont destinées à faciliter leur compréhension et leur maîtrise de Wikipédia et de ses projets frères dans le cadre de leurs activités de diffusion et valorisation numérique.
L’organisation de ces journées s’inscrit dans une démarche de longue date de la part de Wikimédia France, qui souhaite accompagner et soutenir tous les acteurs culturels désireux d’utiliser ces outils incontournables de diffusion et valorisation numérique tout en participant au projet de libre partage des connaissances défendu par l’association. Il est utile de rappeler que si la fiabilité des informations proposées notamment sur l’encyclopédie Wikipédia n’a cessé de s’accroître autant que leur volume, c’est grâce au formidable travail de contributeurs bénévoles mais aussi à l’investissement grandissant d’institutions culturelles détentrices d’innombrables et indispensables sources et contenus. Une adaptation aux nouveaux usages du numérique qui permet l’accès à des sources sûres à des audiences internationales.
Faisant écho aux rencontres Wikimédia de 2010, ces journées sont le premier événement organisé par Wikimédia France proposant un programme complet de réflexion et d’apprentissage autour des projets Wikimédia auprès d’un public professionnel. Ces rencontres, qui faisaient suite à la journée du 29 mars 2019 « Valoriser les collections patrimoniales… sur les wikis » à l’INHA, ont réuni plus d’une centaine de personnes. Le programme alliait la théorie à la pratique à travers des tables rondes, des ateliers et des présentations de projets sous forme de retours d’expérience. Musées, bibliothèques, archives, universités et professionnels de la recherche : des participants variés ont pu apprécier la richesse des actions menées au sein de différentes institutions, petites et grandes, depuis le Musée d’Art et d’Histoire de Saint-Brieuc jusqu’à la Bibliothèque nationale de France, en passant par le musée de Bretagne ou différentes archives départementales. Des témoignages forts et sans concession, entre enthousiasme et contraintes, réussites et mésaventures sur leur expérience dans l’univers Wikimédia, le tout accompagné d’ateliers découverte animés par des bénévoles passionnés et experts qui ont pu partager leur savoir-faire.
Pourquoi et comment verser mes reproductions d’œuvres sur la médiathèque Wikimédia Commons ? Comment puis-je enrichir Wikipédia ? Comment puis-je travailler avec la communauté ? Wikidata, quézako ? Autant de questions auxquelles les différents intervenants ont tenté de répondre durant ces trois jours, dans un contexte propice à l’émergence de nouvelles pratiques collaboratives ou d’engagements politiques en faveur de l’open data et de l’open content. Ces journées ont ainsi été une très belle opportunité de diffuser le message de la libre connaissance, et de faire se rencontrer des agents culturels de tous horizons qui n’ont pas souvent l’occasion de se voir et de se soutenir dans leurs démarches.
Une documentation des journées est disponible pour voir ou revoir les présentations et accéder aux documents correspondants sur Wikimédia Commons.
Coup d’œil sur les apports du programme :
- Aide à la compréhension du mouvement wikimédien : parties prenantes, valeurs, objectifs, moyens et limites.
- Ateliers de découverte et de formations pour différents niveaux à la contribution aux projets (Wikipédia, Wikidata, SPARQL, Wikimedia Commons…).
- Retours d’expérience sur des actions déjà mises en place par des musées, archives, bibliothèques ou universités.
- Réflexions sur les enjeux de l’open data, de l’open content, des licences libres et de la diffusion sur des projets ouverts et accessibles à toutes et à tous.
Un événement, un réseau… Une histoire commune ?
Suite au succès de ces journées et aux questions et problématiques soulevées, l’organisation d’une seconde édition semble incontournable. Mais les rapports aux projets Wikimédia et aux communautés qui les enrichissent ne se construisent pas en 2 ou 3 jours. Le rôle de Wikimédia France est ici de soutenir et guider toutes les initiatives qui font cap sur le même horizon : une relation pérenne avec les projets Wikimédia, inscrite dans les pratiques métiers. Cet événement est un point d’appui vers la construction d’un réseau d’institutions culturelles désireuses d’échanger sur les bonnes (et mauvaises) pratiques de contribution et d’interaction avec les communautés en ligne. Il est toujours possible de pousser la porte de tels projets avec tâtonnement et discrétion. Mais en replaçant les utilisateurs au centre des initiatives publiques, il parait inévitable, à terme, de se lancer dans le grand bain de l’ouverture des contenus afin d’enrichir au mieux les contenus numériques pour donner une nouvelle vie et une nouvelle valeur aux données culturelles.
En attendant, le rendez-vous est pris pour une prochaine édition en avril 2020…
Toutes les photos de cet article sont d’Amélie Cabon WMFr et sont disponibles sur Wikimédia Commons sous licence CC-by-SA 4.0