En 2020, Wikimédia France expérimente le premier Wiktionnariste en résidence !
Une résidence wikimédienne qu’est-ce que c’est ?
Les dispositifs de résidence permettent à des institutions, collectivités, associations ou entreprises d’accueillir pendant un temps défini des personnes ressources qui pourront aider au développement des projets collaboratifs en ligne autour de thématiques ou de fonds spécifiques.
Ce n’est pas la première soutenue par Wikimédia France, et dès 2011, une résidence en France a été mise en place avec le château de Versailles, sous la forme d’un stage de six mois. Dispositif encore assez rare dans les pays francophones, près de 200 personnes ont déjà été en résidence dans autant d’institutions culturelles partout dans le monde.
Souvent liées à de la mise à disposition de documents multimédias dans Wikimedia Commons ou de données pour Wikidata, cette résidence est la première à mettre en avant le Wiktionnaire, mais aussi la première sur la thématique de la Francophonie !
Focus sur le Wiktionnaire
Deuxième projet collaboratif francophone en termes de fréquentation aussi bien que par le nombre de personnes y contribuant régulièrement, le Wiktionnaire est la branche francophone de Wiktionary. C’est un projet lexicographique qui vise à décrire de manière neutre tous les mots de toutes les langues et dans toutes les langues.
Hébergé par la Wikimedia Foundation, il a débuté le 22 mars 2004 et propose aujourd’hui un riche contenu et une communauté dynamique aussi bien pour l’enrichissement que pour la promotion du projet. Sur l’année écoulée, ce sont notamment près de 14 700 nouvelles entrées qui ont été ajoutées pour la langue française ! Voir le communiqué publié à ce sujet cette année.
Un événement pour la Francophonie
Cette résidence a été mise en place grâce à un partenariat avec l’Institut international pour la Francophonie, une composante de l’Université Jean Moulin Lyon III, autour d’un projet qui va réutiliser les données du Wiktionnaire. Cette nouvelle plateforme, appelée Dictionnaire des francophones, intégrera plusieurs dictionnaires et bases de données lexicographiques et permettra un enrichissement par le public, qui pourra ajouter de nouvelles définitions mais sans pouvoir modifier les existantes. Cette approche participative est distincte de l’approche collaborative du Wiktionnaire qui recherche le compromis et laisse ouvertes les discussions éditoriales en permanence. Ces deux approches vont produire des contenus distincts, qui pourront s’enrichir mutuellement. Le Dictionnaire des francophones vise à l’ouverture des données, ce qui permettra de nourrir en retour le Wiktionnaire, et aspire à l’implication des francophones du monde entier.
Ce projet est piloté et financé par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, service du ministère de la Culture, qui finance également la résidence de ce Wiktionnariste à parts égales avec Wikimédia France.
La mise en place de la résidence
Le chef de projet du Dictionnaire des francophones, Noé Gasparini, contributeur actif du Wiktionnaire, a déjà pu présenter les mille merveilles du Wiktionnaire à l’occasion de plusieurs WikiConventions francophones. C’est lui qui a mis en place la proposition de cette résidence, identifié une personne apte à l’occuper et échangé avec les deux bailleurs pour son portage financier.
L’objectif de ce dispositif est donc l’amélioration des contenus du Wiktionnaire dans la perspective de leurs intégrations dans le Dictionnaire des francophones. Il s’agit, d’une part, de réviser la mise en forme de pages peu surveillées ou importées du Littré (ouvrage dans le domaine public) qui présentent d’innombrables scories ; d’autre part, de systématiser, améliorer et documenter du vocabulaire technique déjà utilisé afin qu’il le soit encore mieux à l’avenir dans le Wiktionnaire. Cette partie-ci concerne notamment l’indication des domaines sémantiques (vocabulaire de la menuiserie, de l’aviation, etc.) et les lieux d’usage, et elle a bénéficié de l’implication bénévole de Cédric Tarbouriech sur le développement technique de modules en Lua qui ont été déployés dans le courant de l’année.
Portrait du Wiktionnariste en résidence
Le premier Wiktionnariste en résidence est Sébastien Gathier. Connu sous le pseudonyme de Sebleouf comme l’un des contributeurs les plus prolifiques de Wikipédia, il est très actif pour et dans Wikimedia Commons, Wikidata et le Wiktionnaire, mais il est aussi l’un des piliers d’Open Food Facts. Sébastien dispose de la reconnaissance de la communauté mais surtout de solides compétences quand il s’agit de nettoyer des données et de régulariser des mises en forme.
L’ambition de Sébastien à travers son engagement dans cette nouvelle fonction est d’abord de pouvoir vivre professionnellement grâce à des compétences développées bénévolement depuis une douzaine d’années.
C’est aussi l’occasion de se former à la lexicographie et à la Francophonie institutionnelle. L’enjeu est également de pouvoir amener l’esprit du libre et les méthodes collaboratives dans le monde universitaire.
Ce qui a déjà été fait
Cet article ne vient pas conclure la résidence, mais accompagner ses derniers mois. Un premier article était prévu en mars, qui a été annulé à cause du confinement lié à la pandémie de Covid-19. Il vous aurait raconté un atelier de contribution interprojet organisé à l’Institut international pour la Francophonie le 11 mars 2020. D’autres ateliers et activités avec les étudiants francophones étaient prévus mais ont été annulés.
Les contributions dans le Wiktionnaire sont nombreuses mais délicates à présenter, car elles sont de nature très variées. La plupart sont de petites modifications manuelles pour corriger des usages, actualiser le style, mettre en forme, améliorer le traitement des exemples, uniformiser le contenu et les définitions. Avec un compte dédié, Sébastien a déjà modifié plus de 35 000 pages du Wiktionnaire.
La suite ?
Alors que cette résidence se termine, le Wiktionnaire a été modestement amélioré. Il est un peu moins poussiéreux et en désordre mais beaucoup reste à faire. Les personnes impliquées dans ce projet continueront à le faire bénévolement. Ils espèrent également faire bénéficier à d’autres de leurs expériences, tant dans le montage d’un dispositif de résidence que dans l’apport d’une personne sur la structuration d’un ensemble de données collectées de manière collaborative au fil du temps.